Télématique embarquée : l’avenir de l’éco-conduite ?
Dans le cadre d’un plan de formation à la prévention des risques routiers et à l’éco-conduite, la télématique ouvre des opportunités. « Avec des partenaires spécialisés dans ces technologies et services, nous allions nos forces, explique Delphine Janicot, directrice générale de Mobigreen. Nous définissons ainsi les données pertinentes, le format pour les restituer et comment les exploiter. »
L’éco-conduite et la télématique aident à rationaliser les lois de roulage et la car policy, à économiser du carburant et à mieux négocier avec le courtier et l’assureur. Les frais de restitution et de remise en état partent à la baisse, tout comme le coût des réparations et des accidents du travail. « Et la pertinence des véhicules dont le kilométrage est faible peut être remise en question », avance Delphine Janicot.
La télématique aide aussi à piloter plus finement les actions et, par exemple, à organiser un concours entre conducteurs, à former à nouveau ceux dont les résultats sont les plus médiocres ou à les sensibiliser avant qu’un accident ne survienne.
Bien utiliser les données
Si la télématique produit des données, les entreprises doivent être capables de les traiter. « Mais la majorité ne savent pas les exploiter correctement », déplore Patrick Clemens. Pour ce chargé de développement chez ECF, un intervenant extérieur doit prendre en main l’analyse des données et mener des actions dans la durée pour obtenir des résultats pérennes. Parallèlement, l’interface entre la télématique et le conducteur doit être ergonomique et simple pour renforcer l’efficacité des dispositifs embarqués. Enfin, dernier conseil plus général : l’entreprise ne doit pas se limiter à la sanction mais valoriser les plus performants en matière d’éco-conduite.
Première monte et mode « éco »
Pour sa part, Geneviève Valette reste prudente face au développement de la télématique et des prestataires spécialisés : « Les entreprises changent leurs véhicules tous les trois à quatre ans, constate-t-elle. Or, d’ici à trois ou quatre ans, tous les véhicules seront équipés en première monte et le conducteur pourra mesurer ses performances et bénéficier de conseils d’éco-conduite sur l’écran de son système multimédia », explique la directrice des activités mobilité de Codes Rousseau.
Pour Beltoise Évolution pareillement, la télématique a d’autant plus de difficultés à s’imposer dans les flottes que les véhicules se dotent désormais en série d’indicateurs d’éco-conduite ou de la possibilité de basculer en mode « éco ». « L’économie obtenue grâce à la télématique reste modeste par rapport à son coût, pointe Marc Bodson, directeur général du prestataire. Les acheteurs mégotent déjà pour quelques euros, ils n’investiront pas 6 ou 10 euros par mois dans la télématique si le potentiel de gain reste limité à un demi-litre aux 100 km. »
Si le retour sur investissement de la télématique embarquée n’est pas assez rapide, les entreprises ont néanmoins besoin de suivre l’évolution des résultats de leurs collaborateurs après les avoir formés. Suite à un stage, les mauvaises habitudes reprennent vite le dessus, d’où la nécessité de procéder à des piqures de rappel régulières. La télématique et le smartphone constituent alors de bons outils pour suivre les performances avec précision, déployer des actions ciblées et maintenir les bons résultats sur la longueur.
Une solution encore en devenir ?
Mais sans formation préalable ni accompagnement, la télématique n’aurait qu’un impact limité. « Si l’entreprise pose un boîtier de télématique, peut-être l’effet placebo va-t-il faire reculer les consommations. Mais au bout d’un certain temps, la courbe va repartir vers le haut », rappelle David Raffin, directeur du développement d’Actua Organisation.
Actua Organisation travaille avec plusieurs prestataires actifs sur ce marché, même si ce formateur estime que la télématique ne révolutionnera pas la gestion des flottes. Aux yeux de David Raffin, pour obtenir un retour sur investissement important, la télématique ne doit pas se limiter à l’éco-conduite mais embrasser l’ensemble des lignes budgétaires du TCO : « La télématique est un bel outil d’aide à la décision mais ne constitue pas une solution miracle. »
De son côté, Beltoise Évolution s’apprête à s’associer à un spécialiste de la télématique et a testé plusieurs solutions. « Nous ne sommes pas convaincus de leur pertinence, regrette Marc Bodson. Ainsi, les conditions de circulation ne sont pas prises en compte. Indépendamment des comportements de conduite, le véhicule consommera davantage dans un embouteillage et sur une route de montagne que sur une autoroute fluide. Mais les solutions vont se perfectionner et ce, notamment en corrélant les données du GPS avec celles de la télématique. »
En gestion de flotte comme dans de nombreux domaines, la foi ne suffit pas forcément à soulever les montagnes.
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