Coronavirus – Théophane Courau, Fatec Group : « Nous adapter au jour le jour »
Théophane Courau est président de Fatec Group.
Quels ont été les effets des mesures de confinement sur votre activité ?
Nous avions anticipé quelques semaines auparavant la possibilité du confinement. Nous en avions parlé dès janvier en comité directeur et nous avons expérimenté le télétravail pour de premiers salariés du plateau technique dès février, notamment pour une personne en situation de confinement. Nous sommes donc capables d’avoir 100 % de nos salariés en télétravail, si bien que tous nos services sont aujourd’hui ouverts.
Nos bureaux restent néanmoins ouverts pour ceux qui le veulent. Sur 110 salariés, une quinzaine a choisi cette option. J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui arrivent à travailler à la maison avec des enfants. Cela nous interpelle sur le travail à domicile : nous ne devons pas mettre trop de pression sur les salariés en télétravail tout en assurant la qualité de service. Nous leur proposons de prendre un jour de congés sur deux, ou de se mettre en arrêt pour garde d’enfant une semaine sur deux afin d’alterner avec leur conjoint. Nous essayons de rester proches de nos clients et de les contacter pour savoir si tout va bien.
Nous avons fait le choix de confirmer trois CDD en CDI même si nous n’avons pas assez de travail pour eux à l’heure actuelle, leur activité étant réduite de 80 à 90 %. Cependant, nous estimons que nous aurons besoin d’eux après la crise. En contrepartie, certains salariés sont en activité partielle. Nous ne savons ni quand ni comment cela repartira, mais nous souhaitons passer un message fort en interne.
Notre stratégie est de sortir vainqueur de cette crise : nos clients et nos partenaires doivent toujours nous faire confiance et nos salariés doivent rester engagés. Pour cela, il nous faudra de la trésorerie. Au-delà de cette stratégie fixe, notre tactique consiste à nous adapter au jour le jour en se fiant à notre intuition, ce qui n’est pas notre mode de décision habituel.
Quelle est l’activité chez vos clients flottes ?
Chez nos clients, les véhicules de transport, tels ceux utilisés pour la logistique du dernier kilomètre et la livraison, roulent plus que d’habitude car il y a deux fois plus de travail et moins de chauffeurs. Chez notre clientèle publique, les bennes à ordures ménagères et les véhicules des services d’hygiène sont toujours en service. Mais certains clients ont à l’inverse complètement fermé, comme Airbus qui n’a rouvert que partiellement. Le jour où ces clients vont rouvrir, il va falloir faire tous les entretiens et les contrôles réglementaires qui n’ont pas été faits. En parallèle, tous les loueurs avec lesquels nous travaillons font des cotations valables un mois seulement, si bien qu’il n’est pas forcément utile d’en faire maintenant, et 90 % des commandes passées ont été gelées.
L’équipe de gestion administrative reste malgré tout en activité à 70 %. Avec le temps que l’on a, nous en profitons pour faire une remise à jour et du travail de fond en interne, avec notamment un module de formation. C’est aussi l’occasion de retravailler une car policy ou un plan de progression avec nos clients, avec lesquels nous menons des ateliers en visioconférence.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Environ 80 % de nos partenaires sont fermés, que ce soit pour le dépannage, l’entretien et la réparation ou les contrôles réglementaires. Or, nous fonctionnons avec un réseau de plus de 30 000 partenaires de manière à nous engager sur des délais d’intervention et des prix maîtrisés auprès de nos clients. Dans la situation actuelle, nous privilégions la disponibilité et la sécurité des véhicules. En contrepartie, nous acceptons d’aller chez d’autres partenaires. Nous avons donc fait des avenants aux contrats pour adapter les règles. En ce moment, nous entretenons beaucoup de véhicules d’astreinte de l’Établissement français du sang, de transports médicaux et même des ambulances. Nous avons entre 20 et 25 dépannages par jour, ce n’est pas énorme mais il y a un important enjeu de santé derrière.
La deuxième difficulté rencontrée concerne le courrier. Nous ne le recevons que deux jours par semaine et la poste est souvent fermée. Ainsi, si nous devons envoyer une carte grise ou une carte verte, nous vérifions en amont que notre client sera ouvert le jour de la réception, ou bien nous les gardons pour le moment et lui transmettons par e-mail. Nous sommes également très vigilants pour les amendes et les FPS qui nous parviennent par courrier. Cela pose aussi problème pour les partenaires que nous payons par chèque. Ce sont autant de questions que nous ne nous étions jamais posées auparavant.
Qu’en est-il du côté de vos clients ?
Nous avons déjà deux clients qui nous ont écrit pour prévenir que, compte tenu de la désorganisation actuelle, ils auront beaucoup de mal à nous payer dans les délais habituels. Cela va se ressentir sur notre trésorerie, d’autant que nous mettons un point d’honneur à régler nos partenaires dans les temps, en particulier les garages. Nous mettons donc en place toutes les mesures économiques proposées par le gouvernement et avons contacté notre banque pour anticiper cette période. Inversement, nous avons l’un de nos gros fournisseurs qui nous a écrit pour décaler toutes nos échéances d’un mois.
Comment anticipez-vous la fin de l’épidémie et du confinement ?
Nous ne sous-estimons pas la gravité de la situation mais nous sommes convaincus qu’il en sortira aussi des choses positives. Cette crise sanitaire est tout d’abord l’occasion de révéler les cœurs et les âmes. Nous avons été touchés par l’engagement de nos salariés qui se proposent pour aider leurs collègues, de solder leurs congés ou de se mettre au chômage partiel.
En temps normal, nous recevons environ 1 000 appels téléphoniques par jour, gérés par une équipe de 70 personnes. Alors que nous pensions que c’était impossible, nous avons aujourd’hui trouvé des solutions pour répartir les appels en télétravail et nous y serons ouverts à l’avenir. Cela permettra de récompenser les salariés et de leur éviter des heures de transport. De même, nous utiliserons sans doute demain la visioconférence bien plus qu’avant, alors qu’une solution était déjà en place avant l’épidémie. La situation actuelle a aussi fait évoluer nos relations avec nos clients et montré l’importance de la qualité de la relation humaine.
Enfin, nous formons nos équipes du plateau technique pour les rendre polyvalentes : par exemple, ceux qui contrôlent et valident habituellement les factures et dont l’activité enregistre une baisse doivent désormais aussi savoir contrôler les accords, ce qui permettra à l’avenir de mieux gérer les pics d’activité. De même, nous en profitons pour former nos gestionnaires et les faire gagner en technicité, notamment sur le fonctionnement des loueurs.
En résumé, cette crise importante et brutale nous oblige à nous réinventer en profondeur et il faut faire en sorte qu’il en ressorte du positif.
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