Télématique embarquée : un outil limité ?
Avec la sécurité routière, l’outil « à la mode » reste la télématique embarquée. « Nous avons des boîtiers connectés dans tous les véhicules pour remonter les alertes, y compris de crevaison pour les VU, relate Yann Le Corre, responsable QSE chez Retis. Ainsi, nous avons pu appeler un collaborateur avant qu’il ne prenne la route : son véhicule avait un pneu en train de se dégonfler. Nous suivons toutes les alertes mécaniques pour prévenir les collaborateurs et leur éviter de rouler avec un véhicule non sécurisé. » Entreprise de services et conseil en IT, Retis gère une centaine de véhicules.
La télématique permet aussi à Retis de suivre la consommation de carburant et les comportements de conduite. « Nous organisons des challenges d’éco-conduite individuels en interne, décrit Yann Le Corre. Et avons un challenge par service chaque semestre pour créer l’émulation. Un petit déjeuner est offert au service gagnant. Il offre l’occasion d’échanger sur la manière dont les membres ont obtenu de bons scores et de reparler de sécurité routière. Les résultats sont publiés sur notre réseau social avec des podiums. »
Quelle utilité pour la télématique ?
Chez le prestataire Beltoise Évolution, divers boîtiers sont à l’étude. L’objectif : « que le conducteur auto-évalue en permanence sa conduite au travers d’un score attribué à la fin de chaque trajet. Ces outils se montrent relativement performants pour l’éco-conduite et la sécurité routière. Mais à mon sens, aucun n’a encore fait la preuve d’une réelle utilité », pointe Marc Bodson, le directeur général.
Pour Marc Bodson, le calcul des scores de conduite n’est pas non plus toujours, à ce jour, corrélé avec le parcours effectué. « Obtenir un score correct sur une autoroute rectiligne est relativement plus facile que sur un parcours tortueux. De plus, tout constat d’amélioration de la conduite devrait être assorti de conseils », rappelle-t-il. Tout en estimant que de premiers outils performants devraient apparaître sur le marché d’ici une bonne année. Le dispositif peut aussi poser des problèmes d’acceptabilité. « L’utilisation d’un outil d’auto-évaluation dans un contexte professionnel requiert sans doute une démarche de “stimulation“ appropriée », nuance Marc Bodson.
Des arguments complétés par David Raffin, directeur du développement du prestataire Actua Formation : « La télématique, c’est bien mais pas magique : il s’agit avant tout un outil d’aide à la décision qu’il faut coupler à de la formation pour devenir efficace. Mais cela ne change pas la personne derrière le volant. » David Raffin poursuit : « Et un outil qui indique tous les jours en temps réel si le collaborateur conduit bien ou mal génère une lassitude. Au bout d’un moment, le conducteur ne le regarde plus. » David Raffin préconise des rappels moins réguliers mais plus pertinents et personnalisés grâce à l’analyse des données. « Nous faisons des retours à l’utilisateur sur sa conduite une fois tous les quatre jours, toutes les semaines ou tous les quinze jours selon les entreprises », précise-t-il.
Un système à parfaire
« Il est difficile de dire sur une demi-journée si un conducteur a bien ou mal conduit. Un freinage d’urgence pour éviter un piéton va pénaliser sa note alors qu’il a évité un accident. Nous préférons laisser l’opportunité au conducteur de justifier ses actes. Et en jouant la carte de la confiance, nous le rendons actif dans la démarche de prévention », affirme David Raffin.
Autre argument de David Raffin : « Un gestionnaire de parc possède de nombreux outils qui ne font pas appel aux mêmes algorithmes. Deux logiciels d’éco-conduite ne vont pas donner une note identique à conduite équivalente. Nous collaborons avec les acteurs du marché pour récupérer ces données, les traiter et les rendre plus concrètes en termes de comportement de conduite et de sinistralité. »
Directrice des activités de Codes Rousseau Mobilité, Geneviève Valette voit en la télématique un complément qui va se généraliser : « Elle est déjà nécessaire dans les camions de transport de marchandises et pour le transport de voyageurs en traitant les données sur le temps de travail et la localisation des véhicules à des fins de rationalisation. Et les loueurs proposent de plus en plus ces outils en première monte, ce qui aidera les managers à travailler sur les profils conducteurs. »
Travailler sur la durée
Pour pérenniser une formation à la sécurité routière, les outils informatiques se veulent incontournables. « Ils offrent une sensibilisation accrue à des coûts moindres, entre autres pour les TPE-PME, rappelle Geneviève Valette pour Codes Rousseau Mobilité. Nous offrons ainsi un accompagnement sur un à deux ans à partir de 17 euros par an et par personne. »
L’argumentation est semblable chez Actua Formation. « Nous avons développé une application de micro-learning pour dispenser aux conducteurs des leçons de 5 à 7 minutes à distance et une fois tous les un, deux ou trois mois. Nous suivons donc ce que les collaborateurs ont compris de la formation », indique David Raffin. Et quand une entreprise recourt à un logiciel de gestion de parc, Actua Formation peut remonter toutes les données (PV, frais de restitution, carburant, etc.) pour les corréler et obtenir une note unique de sécurité routière.
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