Conducteurs à risque : la cible prioritaire
« Assez souvent, 20 % des conducteurs sont responsables de 80 % des accidents. En focalisant davantage de moyens sur cette sous-population, des résultats rapides peuvent donc être obtenus », souligne d’emblée Marc Bodson, directeur général du prestataire Beltoise Évolution.
Il est tout d’abord possible d’accompagner en priorité les salariés les plus « accidentés », ceux qui ont déjà eu un ou deux accidents. « Une personne qui a eu un accident a plus de risque d’en avoir un second pour de nombreuses raisons. Parce qu’elle est déstabilisée, que cela représente un petit traumatisme ou à l’inverse parce qu’elle n’a rien eu et va en conséquence prendre plus de risques sur la route », explique Geneviève Valette, directrice des activités de Codes Rousseau Mobilité.
Après un accident responsable ou non, David D’Amario effectue systématiquement un debriefing d’une vingtaine de minutes. « Avec le conducteur, nous étudions les circonstances de l’accident afin de voir quelles mesures auraient dû être prises pour l’éviter », expose ce responsable transport et garage à la tête des 82 véhicules de la ville du Plessis-Robinson (voir le témoignage page 60).
Du debriefing à la suspension de conduite
Si l’accident est non justifié, le conducteur peut être sanctionné. « Généralement, nous faisons une lettre de rappel lui expliquant que l’accident aurait pu avoir des conséquences plus importantes et qu’il doit remettre en question son comportement de conduite », poursuit David D’Amario. Et un comportement dangereux peut donner lieu à une suspension de conduite après validation de la direction. « Mes indicateurs montrent que le degré des accidents matériels va crescendo, si bien que cette suspension peut être définitive », avertit ce responsable.
Pour le spécialiste de la santé Johnson & Johnson France, Martine La Roche sensibilise en particulier les conducteurs à risque. « Ils cumulent de petits accidents ou incidents et de petits événements indésirables sur la route, telles de petites libertés avec les règles, décrit la responsable du parc de 1 300 VP. Une fois que nous les avons identifiés, nous pouvons lancer un plan d’actions. » Au début, cela se traduit par de simples rappels, un entretien avec le manager ou une demande de présentation du permis. « Autant de moments d’échange pour rappeler les bons comportements, note Martine La Roche. Si cela continue, nous recourons à une formation individuelle avec un travail plus spécifique par rapport aux événements qui ont eu lieu. Nous avons une approche très progressive. »
Autre méthode : prévenir les accidents. « Nous re-sensibilisons les personnes qui ont fait un excès de vitesse supérieur à 20 km/h en leur rappelant les obligations de l’employeur en termes de sécurité routière et les bonnes pratiques », indique Yann Le Corre, responsable QSE chez Retis, une entreprise de services et conseil en IT dotée d’une centaine de véhicules (voir le témoignage page 61). Le cabinet de conseil en RH Groupe JLO forme quant à lui en priorité ses plus gros rouleurs.
Il est possible d’aller plus loin en évaluant l’exposition au risque de la population de l’entreprise, comme le propose Geneviève Valette : « Nous prenons en compte le métier, la genèse de la personne, les kilomètres parcourus, etc. Nous ciblons les personnels les plus exposés qui ont accès en priorité à la formation. » Une démarche mise en place par Johnson & Johnson France avec l’outil Virtual Risk Manager (voir le reportage page 64).
Agir en amont de l’accident
Mais cette méthode ne fonctionne que si l’entreprise a construit un plan global de sécurité routière avec des communications, des événements et des objectifs partagés. « Savoir que l’on a accès en priorité à une formation parce que l’on est plus exposé au risque passe très bien et est vu positivement par les salariés. Car toute formation vue comme une sanction est un échec », conclut Geneviève Valette.
Un outil d’identification chez Johnson & Johnson
Pour identifier les conducteurs à risque, Johnson & Johnson France a développé en 2013 un outil maison : une application bâtie sur un site Microsoft Sharepoint et baptisée Prescor, pour « Programme d’évaluation et de sensibilisation des conducteurs à risque ».
« Nous rentrons chaque événement et le conducteur se voit attribuer le nombre de points correspondant : 2 points pour un accident sans gravité, 4 points pour un accident grave, etc. Plus on a de points, moins c’est bien », détaille Martine La Roche. Un conducteur évalué à 6 points est identifié comme à risque.
« Au début, nous ne savions pas si nous avions bien placé le curseur, reprend Martine La Roche. Au fil des ans, nous voyons que la barre se situe où il faut. En effet, nous avons relativement peu de conducteurs dans cette zone, mais leur nombre est quand même significatif. Sur 1 200 à 1 300 conducteurs, 15 à 20 collaborateurs comptabilisent 6 points ou plus en moyenne. Des chiffres cohérents par rapport à ce que l’on connaît statistiquement. »
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